Entretien avec Maxime Diot,
Responsable juridique, conformité, valorisation de la recherche, DPO, RSSI, référent harcèlement sexuel et agissements sexistes de l’Institut Pasteur de Lille
Que disent vos partenaires, vos équipes de vous ?
Que je suis hyperactif, convivial, bienveillant, constructif. Ma collaboratrice m’a récemment affublé du qualificatif de « couteau suisse » (est-ce bien vu en cette période d’Euro de foot malheureux).
Et vos ennemis ?
La même chose mais en pire. Certains n’hésiteront pas à dire que je suis animé par aucune valeur (étrange pour un pasteurien), que je cherche toujours à avoir le dernier mot et que je n’ai pas de limite. J’ai en effet tendance à penser que « sky is the limit ».
Votre pitch-CV en une ligne, c’est possible ?
Aurais-je anticipé la réponse dans ma dernière réponse ?!
Si vous m’autorisez encore un trait d’humour alors pourquoi ne pas pitcher mon CV comme Jean-Claude Duss « Oublie que tu as aucune chance, vas-y fonce ».
Vos 5 compétences issues du Référentiel et pourquoi ?
Trêve de plaisanterie.
Quel travail de recensement et de synthèse incroyable vous avez réalisé [Référentiel de 150 compétences du Juriste Augmenté créé par l’EDHEC Augmented Law Institute, NDLR]. Et quelle difficulté que de ne retenir que cinq compétences tant elles sont toutes pertinentes et tant chaque décideur du droit (et plus largement chaque décideur) s’y retrouve et souhaite les compter dans ses équipes.
Les compétences que j’ai retenues font à mon sens écho à mon profil MBTI (ENFP) et sont :
- Se montrer force de proposition (apporter des idées, des contacts au-delà de la mission)
- Développer une vision et une stratégie « nouvelles normes » et compliance digitale pour son organisation
- Développer sa créativité
- Ecouter et observer
- Rendre le complexe, simple : savoir poser un sujet en termes simples et poser des options
Je suis convaincu que la performance d’une organisation cadrée et maitrisée tient à l’écoute et à la créativité des individus qui la composent. L’épanouissement des collaborateurs dans une organisation est source d’énergie et d’investissement.
Les directions juridiques se sont métamorphosées en quelques années, sous l’impulsion des changements sociétaux et technologiques. L’image du juriste rat de bibliothèque tombe aux oubliettes et est remplacée par le juriste « influenceur », innovant, business partner, qui apporte sécurité et solution pour participer au développement de l’entreprise.
Rigueur et créativité ne sont pas (plus) antagonistes. C’est pourquoi les directeurs juridiques entrent progressivement dans les Codir et les Comex.
Une citation d’un film, d’une chanson, d’un livre pour qualifier selon vous ce qu’est la transformation du droit et pourquoi ?
« Va, vis, et deviens »
Entre innovations technologiques et nouveau positionnement de la direction juridique au sein des organisations, les professions du droit sont passées de poussiéreuses à initiatrices de transformation. Les juristes sont en effet passés de la position d’exécution d’une stratégie d’entreprise au « mode impulsion » du changement ; exit le rôle de personnel de bord, le juriste est désormais assis aux côtés du commandant de bord et copilote l’appareil.
La situation sanitaire induite par la Covid-19 a eu un effet d’opportunité sur les professions juridiques. Nos connaissances des outils financiers de sauvegarde, notre rigueur dans le suivi des procédures et notre capacité à imaginer des montages innovants ont permis de démontrer que la direction juridique n’est pas un centre de coût mais un vivier d’innovation où l’émulation des idées et la créativité des approches des problématiques permettent d’aborder et de traiter les sujets sous un angle nouveau. L’approche polyprismique des problématiques par le juriste satisfait à la direction générale de nos organisations.
La montée en puissance des sujets de compliance permet également aux chefs d’entreprise d’accorder le crédit mérité aux directions juridiques.
In fine, les sociétés européennes ne seraient-elles pas tout simplement en train de rattraper leur retard sur leurs homologues étatsuniens au sein desquelles le droit n’est pas une option et la direction juridique s’assoit souvent à la droite du CEO ?
Si ces quelques propos me semblent illustrer le « va » et le « vis », qu’en est-il du « deviens » ?
Puisque nous avons désormais toute l’attention de nos dirigeants, pourquoi ne mettrions-nous pas à profit cette vision polyprismique pour murmurer aux oreilles de nos employeurs ou clients et devenir les lobbyistes qui manquent à nos organisations pour briser leur plafond de verre ?
En chaque juriste sommeille un Tyrion Lannister, sachant parfaitement utiliser et faire profiter de son influence pour remporter les négociations, à l’aune des forces et des faiblesses de chacune des parties prenantes.
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